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13 septembre 2022

Trois questions à… Blandine Regent, responsable RSO du Samusocial de Paris

 

Pouvez-vous nous expliquer comment s’est mise en place la démarche de Responsabilité Sociale et Organisationnelle (RSO) du Samusocial de Paris (SSP), et son fonctionnement actuel ?

 

Cette démarche a commencé par une mission « SSP Vert », qui s’est déployée d’avril à octobre 2021. Un état des lieux détaillé des pratiques dans différentes structures similaires au Samusocial de Paris a été réalisé. Ce travail inspirant a permis de définir une stratégie environnementale et de réfléchir au cadre de la mission, devenue par la suite une mission RSO plus large afin d’y intégrer une dimension sociale supplémentaire. En effet, au regard de la vocation sociale de départ du SSP, nous avons pris conscience du fait qu’il ne fallait pas opposer transition écologique et urgence sociale. L’enjeu est de recréer du lien entre ces différentes dimensions : il s’agit de prendre soin à la fois des personnes et de leur environnement, de relier les questions d’accompagnement des personnes et les problématiques environnementales.

 

Le comité de pilotage RSO se réunit environ tous les mois, il a pour but de déterminer et de suivre l’avancée des grandes orientations de la démarche. Il rassemble des représentants de tous nos services concernés : chaque direction (moyens généraux, DSI, RH communication) a la responsabilité de mettre en œuvre des actions concrètes, et de mon côté, je coordonne ces différentes actions et veille à leur cohérence globale, en tant que cheffe de projet. Le fait de financer un poste à temps plein sur ce sujet n’est pas un choix anodin pour la structure : la démarche RSO est désormais une composante forte de ses orientations stratégiques pour les prochaines années. Elle fait d’ailleurs partie du plan stratégique écrit pour les cinq futures années.

 

Comment les personnes accompagnées ont-elles été associées à cette démarche ?

 

A l’origine, le lancement de la mission « SSP Vert » a notamment été suscité par la volonté des personnes accompagnées, qui ont fortement porté le sujet de l’écologie, à l’occasion d’échanges organisés dans le cadre du « grand débat » national. Certaines personnes accompagnées font un lien très direct entre leurs conditions de vie et les enjeux écologiques. Dans le cadre du Débat Permanent (une instance du SSP qui vise à favoriser la participation des personnes hébergées mais qui ne fait pas partie intégrante de la démarche RSO), les questions environnementales continuent à faire l’objet d’échanges et de propositions à l’attention du Samusocial de Paris mais également des pouvoirs publics.

 

Par la suite, la stratégie RSO a été élaborée de manière participative. Nous avons organisé des ateliers de sensibilisation, via les fresques du climat, auprès des personnes hébergées et des professionnels. S’il n’est pas toujours évident de prioriser le sujet de l’environnement chez un public -et des professionnels- qui ont d’autres urgences à traiter, pour autant il nous semble important d’emporter tout le monde dans la démarche. Nous avons recueilli beaucoup d’informations via ce biais, à la fois sur toutes les initiatives déjà existantes, mais également sur les propositions qui ont pu émerger lors des échanges. Un bilan carbone a permis de consolider ces premières impressions et de prioriser les actions entre ce qui est fortement attendu par les usagers et ce qui est impactant du point de vue de l’empreinte carbone. Fort heureusement, les sujets se recoupent !

 

Aujourd’hui, quelles sont les actions concrètes engagées par le Samusocial de Paris pour réduire son impact environnemental et les freins que vous pouvez rencontrer ?  

 

Une des premières actions concrètes du SSP a été de financer un bilan carbone (via des fonds internes), afin d’objectiver son impact environnemental. En 2021, les différents centres et sites administratifs du SSP ont généré l’équivalent de 5 070 tonnes de C02 (11 158 tonnes en comptant les hôtels) : de manière plus parlante, cela correspond à 2 096 allers-retours en avion entre Paris et New-York (ou 6 709 en comptant les hôtels).

 

En se basant sur l’accord de Paris de 2015 sur le changement climatique, le SSP s’est fixé un objectif de réduction de son empreinte carbone de -25% d’ici 10 ans (en valeur absolue), soit une diminution de 2,5% par an.  Ce bilan carbone est un point de départ incontournable pour identifier les actions à mener pour réduire l’empreinte carbone du SSP, qui relèvent de plusieurs domaines :

  • La gestion des bâtiments (consommation d’énergie et production de déchets) (37% de l’impact carbone du SSP sans les hôtels)
  • Les achats (30% de l’impact carbone sans les hôtels)
  • La mobilité (25% de l’impact carbone sans les hôtels)
  • L’alimentation (20% de l’impact carbone sans les hôtels)
  • L’utilisation du numérique (1% de l’impact carbone sans les hôtels, et hors achat de matériel)

 

La stratégie RSO passe aussi par la sensibilisation des professionnels et des personnes. L’objectif n’est pas d’avoir une démarche descendante, mais au contraire de s’appuyer sur les envies et les contributions de chacun.e et d’être une source de motivation. Le SSP pense aussi que la transition écologique peut être créative et créatrice (d’emplois notamment).

 

La sensibilisation des parties prenantes est également essentielle : le SSP considère qu’il est possible de solliciter des soutiens externes pour soutenir sa démarche RSO, et s’est notamment mis en lien avec la Fondation européenne pour le climat. Nous nous rapprochons également régulièrement de nos différents partenaires (du social, du sanitaire ou de secteurs très différents) pour échanger sur nos pratiques -et difficultés ! Nous constatons néanmoins que ce sujet n’est pas encore suffisamment porté par les pouvoirs publics qui n’expriment que peu d’attentes spécifiques et n’envisagent pas de financements renforcés. Or la transition écologique peut être à terme source d’économie à différents niveaux ! Cette mesure des couts évités n’est pas aisée à réaliser mais elle pourrait soutenir utilement notre plaidoyer.

 

Au vu de la situation mondiale au cours de derniers mois, le sujet de l’environnement ne peut plus être mis de côté. La RSO doit s’imposer désormais dans les décisions de toutes les organisations, même si cela peut sembler difficile à tenir.