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30 janvier 2023

Je vous écris de Benoît Labre : projet d’un adhérent de la FAS Bretagne

“Rendre visibles les invisibles. A Rennes, les 70 salariés, les 20 bénévoles et les administrateurs de l’association Benoît Labre sont le cœur, depuis 1936, d’une vaste toile solidaire autour de centaines, de milliers d’accidentés de la vie, de réfugiés, de sans-abris, qui frappent, chaque soir de chaque année, à la porte de ses différentes structures.

Un travail persévérant, humble et noble. Si discret qu’il nous ferait presque oublier l’explosion des précarités. Et fausserait notre perception de ce vaste monde en soi qu’est l’exclusion, visible comme l’est un iceberg.

Pour quelques nuits ou pour quelques mois, Benoît Labre héberge 400 personnes en urgence, en insertion ou comme demandeurs d’asile. 146 000 nuitées par an ! Sans compter les repas, les soins, l’accompagnement administratif, social, psychologique, scolaire…

Pour s’améliorer, une société doit avoir conscience de ses insuffisances, des failles familiales, sociales, des ratés des administrations qui abandonnent, par ignorance, par cécité ou par impuissance, toute une frange des siens. Elle doit regarder ces réalités en face si elle croit à la primauté de l’humain.

La politique sociale y consacre des moyens considérables et croissants. Mais elle ne peut pas se contenter de sous-traiter la réparation de ses dysfonctionnements sans s’attaquer à leurs causes. S’apitoyer, certes, mais surtout comprendre, sans juger, pour agir.

Cette conscience collective passe par le témoignage des accidentés de la vie, par le récit de leurs parcours brisés, pour expliquer comment et pourquoi ils en sont là aujourd’hui. Pour nous dire que ce qui leur arrive peut arriver à chacun d’entre nous.

Ils sont aussi les mieux placés pour témoigner du rôle méconnu, peu considéré, inquantifiable, des travailleurs sociaux.

C’est ce travail que nous initions ici, avec eux, sous la forme d’une série de lettres à un destinataire, réel ou imaginaire, choisi par eux. Une correspondance dans les deux sens du terme : comme une missive pour se raconter ; et comme une gare pour une autre destinée, pour des lendemains espérés meilleurs.

J’ai écrit et illustré plusieurs dizaines de lettres-témoignages à partir de rencontres avec des volontaires, vivant ou ayant vécu dans les différentes structures de l’association Benoît Labre. Les textes, lourds et intimes, ont été validés et les photos choisies avec les intéressés. Du fond du cœur, merci “.

Michel Urvoy, ex-éditorialiste à Ouest-France.

Retrouvez leurs témoignages ici : https://www.saint-benoit-labre.fr/articles