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8 mars 2016

Centres d’accueil et d’orientation des migrants : un état des lieux en demi-teinte

Les premiers centres d’accueil et d’orientation (CAO) ont vu le jour fin octobre 2015. Selon la note du 9 novembre 2015 des ministères de l’Intérieur et du Logement, ces centres ont pour objet à la fois de diminuer la population du campement de Calais, et de mettre à l’abri les migrants renonçant à rejoindre le Royaume-Uni afin qu’ils puissent bénéficier d’un temps de répit et reconsidérer leur projet migratoire.

Le ministre de l’Intérieur, dans une lettre publique en date du 18 février 2016, indiquait qu’il existait alors 102 centres qui auraient accueillis 2 665 personnes depuis leur ouverture. Néanmoins, la localisation, le fonctionnement et l’avenir de ces centres et des personnes qui y vivent restent très opaques.

Afin de combler ce défaut d’information et après avoir été alertée par différentes FNARS régionales sur des dysfonctionnements dans l’accueil des migrants sur les territoires, la FNARS a lancé une enquête en ligne entre le 28 janvier et le 15 février 2016. Au total, 27 réponses complètes ont été retournées. Même si non-exhaustifs, les résultats donnent un aperçu du fonctionnement de certains de ces centres et des difficultés que les personnes peuvent y rencontrer.

78 % des associations gestionnaires de CAO ayant répondu à l’enquête considèrent que les personnes sont mal informées à leur arrivée dans les centres. En effet, l’enquête indique que le dispositif CAO reste très opaque pour les exilés qui y sont orientés. Un CAO d’Alsace Champagne-Ardenne Lorraine rapporte que les personnes n’avaient : « aucune information sur le CAO, aucune connaissance de la commune où ils ont été transférés. Peu de connaissance sur la demande d’asile ni sur la convention Dublin pour les personnes concernées. »

Parmi les 724 personnes ayant été orientées vers l’un des 27 CAO interrogés, seules 222 personnes auraient quitté ces CAO. Neuf établissements ayant répondu à l’enquête ont détaillé la part de sorties vers un hébergement du type CADA ATSA : celle-ci concerne 19.5 % des personnes orientées dans ces établissements. Ainsi, au 22 janvier 2016, peu d’orientations, depuis les CAO et vers le dispositif national d’accueil, avaient été observées.

Il existe également des disparités importantes dans les dates de fermeture des CAO et dans l’anticipation de celles-ci. De fait, 41% des CAO interrogés auront fermé d’ici le 31 mars, fermeture qui concerne 216 personnes y étant hébergées au 22 janvier. 30% des CAO indiquent, eux, que la date de fermeture est inconnue ou a été repoussée.

Finalement, 83 % des associations considèrent que les relations avec la préfecture sont satisfaisantes tandis que 58 % estiment qu’elles le sont également avec l’Office français de l’immigration et de l’intégration. Si ces chiffres indiquent que la collaboration entre ces acteurs est bonne selon les associations, certains CAO regrettent néanmoins que la communication entre les acteurs ne soit pas plus fluide et complète, ce qui leur permettrait d’accueillir de manière plus satisfaisante les migrants orientés depuis Calais.

Les résultats de cette enquête démontrent donc que si le dispositif CAO peut être une opportunité pour les personnes qui y sont orientées, des améliorations doivent être réalisées en termes d’information fournies aux migrants, d’orientation vers le dispositif national d’accueil et de coordination entre les institutions publiques et les associations sur les territoires.

Le 29 février 2016, les ministères de l’Intérieur et du Logement ont associé les associations à un comité de suivi de ce dispositif qui doit se réunir deux fois par mois. La FNARS, vigilante à l’évolution de ce dispositif alors que la fin de la trêve hivernale approche et que les exilés présents dans le sud de la jungle de Calais en sont expulsés, portera ces recommandations lors de ces rencontres.

Télécharger l’enquête “Etat des lieux des CAO au 22 janvier 2016″…