Précarité et emploi dans notre société
La France est confrontée à un chômage structurel : nombreux aller-retour entre travail et chômage, chômage de longue durée, problème d’entrée sur le marché du travail des jeunes… auxquels s’ajoute, dans certains secteurs, une inadéquation entre l’offre d’emploi et les qualifications des demandeurs.
Ces difficultés d’accès à un emploi constituent aujourd’hui la première source de précarité et d’exclusion.
Le chômage de longue durée (supérieur à un an) est en France à un niveau supérieur aux autres pays de l’OCDE. Or le chômage de longue durée fait courir un risque d’exclusion progressif, qui diminue d’autant les chances de retour à l’emploi que s’y ajoute la frilosité des employeurs à recruter une personne ayant connu une longue période de chômage.
Position
La Fédération identifie trois conditions pour que les personnes au chômage aient la possibilité de retrouver un emploi : avoir des ressources suffisantes pour vivre décemment et assumer les coûts d’une recherche d’emploi efficace, être formé et ne pas rester privé longtemps d’une expérience professionnelle.
Aujourd’hui il faut avoir travaillé quatre mois à temps plein (sur les 28 derniers mois) pour ouvrir des droits à l’indemnisation chômage, dont la durée maximale est en général de deux ans. Résultat : 50% des personnes recherchant un emploi ne sont pas indemnisées et sont renvoyées vers des minima sociaux. Or ceux-ci sont aujourd’hui inadaptés, voire pas demandés par près de 30% des personnes qui y auraient droit.
Deux millions et demi de nos concitoyens sont au chômage depuis plus d’un an. Même en cas de reprise économique, ils ne seront pas recrutés par les entreprises : disqualifiés à leurs yeux, ils rencontrent aussi des difficultés freinant leur retour à l’emploi (logement, santé, garde d’enfants…). La seule solution est de leur permettre d’occuper au plus vite un emploi. Les emplois aidés (emplois en partie financés par l’Etat), particulièrement en période de crise, sont les seuls à apporter justement cette réponse, à donner aux personnes l’habitude du travail et l’acquisition des compétences et expériences que leur réclame le marché du travail. Même aidés, ils restent bien en effet des emplois. Dans les territoires les plus fragiles, ils peuvent même réamorcer une dynamique économique vertueuse, recréant des activités et distribuant un pouvoir d’achat supérieur.
Pour améliorer leur qualité, ils doivent être, sur le modèle de l’insertion par l’activité économique et du travail adapté, assortis d’un accompagnement et d’une formation favorisant la montée en compétences des personnes.
Même formés, accompagnés, et en situation d’emploi dans le cadre d’un contrat aidé, les personnes ne pourront retrouver un emploi de droit commun que si l’économie permet la création d’emplois non délocalisables. L’économie sociale et solidaire, qui repose sur des projets partagés entre habitants et construits à partir de leurs besoins et réinvestit dans ses activités au lieu de rémunérer le capital, offre de réelles solutions pour recréer des emplois durables.
Les propositions prioritaires de la Fédération
- Définir le cap d’un nouveau régime d’assurance chômage, qui devra protéger les personnes privées d’emploi de la pauvreté et prévoir des actions ambitieuses d’accompagnement et de formation ;
- Doubler le nombre de postes dans l’IAE sur la durée du quinquennat et passer de 350 000 à 700 000 le nombre de personnes en contrats aidés par an en ciblant les territoires les plus touchés par le chômage ;
- Développer les expérimentations territoriales favorisant l’accès direct à l’emploi des chômeurs de longue durée ;
- Créer une offre d’appui aux artisans et TPE/PME dans leurs démarches de recrutement et d’intégration de salariés en demande d’emploi, mobilisant l’expertise des associations d’insertion et du handicap.