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11 juillet 2024

Retour sur l’Assemblée Générale de la FAS Pays de la Loire 

 

Le 14 juin 2024, 76 personnes se sont réunies à Ancenis pour faire vivre l’Assemblée Générale de la Fédération des acteurs de la solidarité des Pays de la Loire. Le réseau témoigne une fois de plus de sa vigueur citoyenne et engagée, et réaffirme ses valeurs de solidarité, de défense de droits de toutes et tous, et d’accueil inconditionnel des personnes en difficulté !

Aux lendemains de la dissolution de l’Assemblée nationale qui pourrait laisser place à une majorité d’extrême droite et un exécutif du même bord, une table ronde, sur un sujet d’une douloureuse actualité : la pauvrophobie.

Être pauvre en 2024, ce sont des privations matérielles et sociales, mais aussi, un manque de confiance a priori. Lou-Jayne Hamida, Vice-Présidente de la FAS nationale et membre du collège personnes concernées, nous rappelle combien cette stigmatisation amène de « maltraitances », de « peurs » et de « ravages » pour l’estime de soi et la confiance dans l’autre et dans les institutions. La pauvrophobie est un cercle vicieux qui génère du non-recours, accroit l’exclusion, et tue. Les causes structurelles et sociétales de la pauvreté sont invisibilisées, tandis que chaque individu en difficulté est jugé seul responsable de sa situation.

Clara Deville, Docteure en sociologie, mobilise l’exemple des procédures dématérialisées de la Caisse des Allocations Familiales (CAF) pour démontrer combien l’Etat, en affichant un objectif de facilitation de l’accès aux droits, accentue ce phénomène. Les politiques sociales produisent des dispositifs non seulement violents symboliquement, qui pénalisent ceux qui en ont le plus besoin, tout en favorisant les privilégiés. En étant catégorisées, triées, sélectionnées, les personnes en précarité se voient enfermées dans des « catégories sociales construites », exclusivement « pensées et parlées à distance par les autres », mais très rarement par « eux-mêmes » ou en « s’appuyant sur des connaissances » de leurs véritables besoins.

Clémence Richard Parret, Cheffe du Pôle Régional du Défenseur des droits, au-delà de l’éthique et des valeurs, replace immédiatement cet enjeu « sur le terrain du respect des droits fondamentaux et des principes originels des services publics ». Claire Hédon, la Défenseure des droits, met en garde contre une logique de fragilisation et de conditionnement des droits qui s’installe dans les dernières réformes législatives pour le secteur (Loi pour le Plein Emploi, Loi Immigration, Loi Kasbarian, etc.). L’institution rappelle que discriminer une personne sur fondement de vulnérabilité économique et sociale est, depuis 2016, une infraction pénale en droit français : un outil qui gagnerait à être davantage mobilisé pour sensibiliser, former et défendre les personnes.

Racontant le long parcours de son mouvement pour faire reconnaître ce phénomène en droit de la discrimination, Geoffrey Renimel, Délégué National d’ATD Quart Monde, raconte aussi l’importance de nommer la « pauvrophobie », pour la regarder en face et la combattre. Comme Lou-Jayne Hamida, il nous invite à œuvrer aux changements des regards et les politiques publiques en bâtissant et en partageant la connaissance de ce qui vivent les plus pauvres, par le croisement des savoirs et des pratiques. C’est en faisant « dialoguer les savoirs, les vécus, les points de vues » que l’on fait place à la compréhension, la reconnaissance, et au pouvoir d’agir de l’autre.

Ne nous y trompons pas, les partis nationalistes et identitaires ne sont pas, et ne seront pas les défenseurs des précaires qu’ils prétendent être. La préférence nationale pour conditionner les minimas sociaux ou l’accès à un logement cible certes d’abord les personnes étrangères, mais nous savons que derrière, tous les pauvres sont visés par le même mépris et la même pauvrophobie. Ces dernières années, les députés d’extrême droite ont voté contre l’augmentation du SMIC, contre l’indexation des salaires sur l’inflation, contre la revalorisation des APL ou le gel des prix des loyers, contre l’augmentation des hébergements d’urgence, contre la gratuité des cantines pour les plus modestes, et contre la revalorisation des bourses étudiantes. La mise en concurrence des misères et la stigmatisation de l’autre n’amène que chaos et détresse, et ne résoud rien.

Face à l’extrême droite, dont les idéaux sont aux antipodes de nos valeurs, la Fédération des acteurs de la solidarité choisit de porter un projet de société qui fait une place pour chacun et chacune d’entre nous. Un projet de société fondé sur le lien social, la parole des personnes concernées, l’accueil et la solidarité.

Quoiqu’il arrive, la FAS Pays de la Loire se tiendra aux côtés de ses adhérents et des personnes accompagnées pour protéger et construire un monde plus juste.

L’action associative et citoyenne, le travail social seront nos antidotes, et nos valeurs humanistes, notre boussole.