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31 janvier 2025

Catastrophe humanitaire à Mayotte, la FAS toujours mobilisée

Plus d’un mois après le passage du cyclone Chido qui a touché de plein fouet les habitant.es de Mayotte le 14 décembre 2024, la FAS et la FAS Océan Indien sont toujours totalement engagées auprès des associations et des partenaires sur le terrain. Elles assurent notamment un rôle de coordination inter-associative en lien avec les acteur.ice.s du champ social. Nathalie Latour (N.L), Directrice générale de la FAS et Emmanuel Bougras (E.B), responsable du service stratégie et analyse des politiques publiques de la FAS, nous en disent plus sur les actions menées.

 

Question – Pour répondre à l’urgence humanitaire, la FAS a mis en place un espace de coordination associative, comment s’organise cet espace et avec qui ?
N.L : Alors que les moyens de communication étaient coupés, que 100% des bâtiments des associations adhérentes à la FAS étaient touchés, que le bilan sur le nombre de victimes n’était pas encore connu, la priorité était d’aider les associations à répondre à des questions essentielles : où sont mes salarié.e.s ? dans quel état ? et comment vont les personnes accompagnées ?
Il aura fallu plus d’une dizaine de jours pour rétablir le contact avec l’ensemble des équipes et entre temps nous avons concentré nos efforts sur deux niveaux. D’abord, sur le terrain, avec les adhérents qui le pouvaient pour leur demander de dresser un état des lieux des besoins. Ces informations ont ensuite été partagées à l’ensemble des acteur.ice.s du social pour organiser l’entraide. En parallèle, nous avons regroupé les demandes pour alimenter les cellules de crise au niveau local et national en lien avec les ministères du logement et des solidarités pour que les besoins soient pris en charge au plus vite.

Dans les premiers jours qui ont suivi le cyclone, nous avions un point de coordination quotidien puis deux fois par semaine conjointement avec les adhérent.e.s présent.es à Mayotte ou à la Réunion. Aujourd’hui la coordination se tient une fois par semaine et ce lien avec les associations de terrain nous a permis d’avoir une vision globale très précieuse pour tenter d’apporter des réponses adaptées aux besoins.

Question – Quelles actions sont mises en place pour recenser les besoins, permettre l’accès aux ressources disponibles ?
E.B : Aujourd’hui un tiers des salarié.e.s des associations adhérentes à la FAS sont toujours sans logement, et c’est le cas d’une grande partie de la population. L’eau et la nourriture manquent, et les colis humanitaires ont du mal à arriver. Il y a un fort besoin d’articulation sur le qui fait quoi entre l’état, les collectivités territoriales, les acteur.ice.s du secteur humanitaire avec celles et ceux du social, de la santé et de l’éducation. Nos adhérent.e.s et partenaires participent activement aux efforts pour reloger les familles, mettre en place l’aide alimentaire, l’accès à l’eau potable et à des produits d’hygiène.

Question – Si l’urgence est à l’action humanitaire comment les actions de la FAS s’engagent aussi sur le temps long ?
N.L : Effectivement la population de Mayotte est toujours en état d’urgence. Après le passage dévastateur du cyclone le 14 décembre, l’île a ensuite subi des inondations en janvier. En réponse à la crise inédite du logement, l’Etat propose de créer un village d’une centaine de tentes pour héberger une partie des milliers de personnes qui avaient été mises à l’abri dans les écoles jusqu’à la rentrée scolaire du 13 janvier.
Alors que le gouvernement souhaite interdire la reconstruction des bidonvilles pour cause d’insécurité car les terrains sont fragilisés, la préfecture de Mayotte restreint la vente de tôles sur présentation d’un justificatif d’identité et de domicile. Ces abris de fortunes, les « bangas », ont été reconstruits par les habitant.e.s quelques jours seulement après la catastrophe. La FAS demande la construction d’une offre de logements pérennes mais aussi un accompagnement psychologique des personnes qui ont tout perdu en quelques heures et qui doivent se débrouiller pour survivre dans ce chaos.

Nous travaillons aussi à la construction d’espaces de plaidoyers pour organiser l’après et la FAS Océan Indien est pleinement mobilisée sur un projet de coordination associative qui était déjà prévu avant le cyclone. Nous restons aussi vigilant.e.s sur les projets de loi en préparation dont un sur l’immigration. La situation d’urgence ne doit pas faire oublier le respect des droits et la dignité des personnes.

Question – Alors que les député.e.s examinent actuellement le projet de loi d’urgence pour Mayotte, la FAS a présenté plusieurs propositions aux élu.es, qu’elles sont-elles ?
E.B : La FAS demande notamment à ce que les associations soient parties prenantes au sein du nouvel établissement public qui sera créé par cette loi d’urgence pour faciliter et accélérer la reconstruction des bâtiments publics et privés à Mayotte. Nous demandons également une prolongation des droits sociaux ou encore l’exonération temporaire des contributions sociales pour les associations.

En complément, nous souhaitons que le texte actuel puisse intégrer deux mesures essentielles localement :
– La création d’un fonds d’urgence permettant de réaliser des travaux dans les logements pour lesquels les propriétaires ne se sont pas acquittés d’une assurance habitation (soit environ 70% des logements captés par les associations),
– La prolongation automatique de trois mois des titres de séjour permettant aux personnes qui n’ont plus accès à la préfecture de maintenir leur droit au séjour