21 février 2025
10 octobre 2024
La FAS souscrit totalement au diagnostic du rapport de la Cour des comptes publié le 1er octobre 2024, qui met en exergue un constat critique des relations entre l’État et les gestionnaires de structures d’hébergement d’urgence depuis 2017, marqué par un recours excessif aux subventions annuelles et un contrôle insuffisant des prestations. La politique, conçue comme une réponse à des urgences temporaires, a fragilisé les relations avec les associations et conduit à des défaillances structurelles. La Cour appelle à une refonte des pratiques.
Face à la forte augmentation des besoins d’hébergement des personnes sans-abri, les crédits de l’État alloués à ce secteur ont triplé pour atteindre 3,2 milliards d’euros en 2023, permettant de financer 334 000 places d’hébergement. Ces structures visent à garantir un droit à l’hébergement d’urgence pour toute personne en situation de détresse sociale, médicale ou psychique. Pour répondre à cette croissance, l’État a commencé le renforcement de ses outils de pilotage et de ses relations avec les associations, notamment en déployant des services intégrés d’accueil et d’orientation (SIAO) uniques par département, et en améliorant le système d’information de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii).
Toutefois, la Cour des comptes pointe des limites importantes dans la gestion de ces relations. L’État continue à privilégier l’octroi de subventions annuelles plutôt que de s’engager dans des contractualisations pluriannuelles avec les gestionnaires. Cela crée une instabilité financière pour les associations et empêche une gestion durable des crédits alloués à l’hébergement d’urgence. La régulation budgétaire infra-annuelle, souvent désorganisée, complique la maîtrise des dépenses et alourdit la charge administrative des services déconcentrés.
Un autre point d’alerte soulevé par la Cour des comptes est la faiblesse des moyens dont dispose l’État pour évaluer la qualité et la solidité des prestations fournies par les gestionnaires d’hébergement. Cette carence expose l’État à un risque de devoir intervenir en urgence si certains gestionnaires venaient à défaillir, créant ainsi une relation de dépendance. Certains acteurs sont devenus tellement indispensables au dispositif qu’ils rendent l’État « captif » de leurs services, ce qui limite sa capacité à faire évoluer le système. Par exemple, la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (Dhal) a longtemps souffert d’un manque de ressources pour assurer un suivi efficace des structures d’hébergement.
Pour remédier à ces problèmes, la Cour des comptes recommande de transformer davantage de places d’hébergement d’urgence en places d’Établissements et Services Sociaux et Médico-Sociaux (ESSMS), ce qui permettrait d’assurer un accompagnement plus pérenne des personnes hébergées tout en maîtrisant les coûts. En parallèle, elle appelle à une réduction du recours aux nuitées hôtelières, qui ne devraient être utilisées que pour les situations d’urgence, et à leur intégration dans le cadre de la commande publique.
Le rapport note néanmoins quelques progrès. L’État a entamé un dialogue avec les grands opérateurs du secteur et commence à développer des outils pour mieux contrôler les prestations fournies. L’objectif est de réduire la dépendance aux subventions annuelles et d’instaurer des relations contractuelles fondées sur la qualité des services rendus, permettant ainsi une gestion plus stable et durable du secteur de l’hébergement d’urgence.
Retrouvez ci-dessous les recommandations portées par la Cour des comptes :
21 février 2025
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