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16 février 2023

Le Haut Conseil à l’Égalité publie son 5ème rapport sur l’« État du sexisme en France »

Le constat est sans appel, le sexisme ne recule pas en France. Au contraire, il progresse dans certaines de ses manifestations les plus violentes.

Ce rapport s’appuie sur les résultats du « Baromètre sexisme » mené avec l’Institut Viavoice, auprès de 2500 personnes interrogées, et fait état des perceptions de l’opinion face aux inégalités entre les femmes et les hommes, évalue le degré de sexisme de la population, mesure l’adhésion aux outils existants de lutte contre le sexisme et restitue le degré de sexisme de la population.

 Cinq ans après #MeTOO, le Haut Conseil à l’Egalité dresse un bilan alarmant quant à la progression du sexisme en France. Alors que les inégalités entre les femmes et les hommes sont majoritairement reconnues et dénoncées par l’opinion publique, que le gouvernement a érigé en « Grande cause » du quinquennat la lutte contre les violences faites aux femmes, celles-ci continuent de progresser dans ces formes les plus violentes. Ce paradoxe entre conscience et vécu, déjà opérant lors de la précédente édition du Baromètre Sexisme du HCE, est un des grands enseignements du sondage.

93% des femmes interrogées font état d’une inégalité de traitement structurelle à la société française, que cela soit au travail, dans l’espace public et privé, à l’école…

Les femmes continuent d’être surreprésentées dans les métiers « genrés », notamment du soin, et subissent des conditions de travail dégradées et aux horaires atypiques. Pour 37 % des femmes interrogées, celles-ci affirment que les discriminations sexistes subies dans leurs choix d’orientation professionnelle, sont les résultantes du métier qu’elles ont aujourd’hui.

Concernant les violences sexistes et sexuelles, le constat est alarmant :  entre 2020 et 2021, le nombre de victimes de violences conjugales a augmenté de 21%, et on dénombre 20% de plus de victimes de féminicides conjugaux [1].  

  • 14% de femmes déclarent avoir subi un « acte sexuel imposé », c’est-à-dire une agression sexuelle ou un viol,
  • 22 % ont déjà vécu une situation d’emprise psychologique ou de jalousie excessive imposée par leur conjoint,
  • 15 % ont déjà subi des coups portés par leur partenaire ou ex-partenaire,
  • 37 %, des Françaises interrogées ont déjà vécu une situation de non consentement.

La résultante est que 9 femmes sur 10 anticipent les actes et les propos sexistes des hommes et adoptent des conduites d’évitement et 8 femmes sur 10 ont peur de rentrer seules chez elles le soir.

 55% d’entre elles renoncent à sortir et faire des activités seules, à s’habiller comme elles le souhaitent (52 %), veillent à ne pas parler trop fort ou hausser le ton (41 %), ou encore censurent leur propos par crainte de la réaction des hommes (40 %). Près d’une femme sur 5 (18 %) a des difficultés à prendre la parole au sein d’un groupe.

Des réflexes encore très sexistes de la part des hommes

 Selon le Baromètre sexisme, les hommes adoptent bien trop souvent des comportements sexistes et misogynes et n’ont pas conscience des inégalités entre les femmes et les hommes :

Les hommes âgés de 65 ans sont plus conservateurs que les jeunes hommes :

  • Les hommes âgés de 65 ans et plus sont 78 % à considérer qu’un homme doit prendre soin financièrement de sa famille;
  • 49 % d’entre eux considèrent qu’il est normal que les femmes s’arrêtent de travailler pour s’occuper de leurs enfants;
  • 47 % estiment qu’il est normal que les femmes prennent plus soin de leur physique que les hommes

Mais c’est parmi les hommes de moins de 35 ans, qu’est observé un ancrage plus important des clichés « masculinistes » et une plus grande affirmation d’une « masculinité hégémonique» :

  • 20 % des 25-34 ans considèrent que pour être respecté en tant qu’homme dans la société, il faut vanter ses exploits sexuels auprès de ses amis
  • 32 % d’entre eux considèrent que le barbecue est une affaire d’homme, soit quasiment 10 points de plus que la moyenne des hommes
  • 21 % considèrent qu’il faut rouler vite
  • 23 % qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter
  • Seuls 48 % des hommes entre 15 et 34 ans considèrent que l’image des femmes véhiculées par les contenus pornographiques est problématique contre 79 % des hommes âgés de 65 ans et plus

A la lecture des témoignages, le Haut Conseil à l’Egalité alerte sur l’importance de tenir compte des résultats concernant les hommes et les spécificités générationnelles et sociales à l’œuvre chez eux, pour apporter une réponse adaptée afin de combattre le sexisme à tous les stades de ce continuum.

Les réponses et les moyens pour lutter contre le sexisme sous toutes ses formes sont insuffisants et inopérants.

 Le manque de confiance à l’égard des institutions et des politiques pour prévenir et lutter contre les actes et violences sexistes est profonde, selon les résultats du baromètre. La responsabilité institutionnelle et politique est désignée par une partie de la société qui demande une plus forte prise en compte et davantage d’actions concrètes.

Le constat est sans appel, seulement un quart de la population française juge efficace l’action des pouvoirs publics, pire encore 27 % seulement considèrent que les pouvoirs publics font tout ce qu’il faut pour lutter contre le sexisme, 25 % qu’ils font tout ce qu’il faut pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles et 25 % contre les féminicides.

Les menaces sérieuses de recul des droits des femmes partout dans le monde nécessite une intervention plus importante des pouvoirs publics à la hauteur des enjeux qui sont posés.

 Le Haut Conseil à l’Egalité propose un plan d’urgence massif et des pistes d’amélioration pour des pouvoirs publics plus performants

 

 

[1] Les violences conjugales enregistrées par le Ministère de l’Intérieur en 2021