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23 avril 2025

L’édito de Fanny Gagnaire, directrice régionale de la FAS Auvergne-Rhône-Alples

« La capacité à affirmer une position collective, c’est la force de notre Fédération »

par Fanny Gagnaire, directrice régionale de la FAS Auvergne-Rhône-Alpes

Je suis arrivée à la direction régionale de la FAS Auvergne-Rhône-Alpes en février 2025. Dès mes premiers jours, le ton a été donné. Une expérimentation annoncée par l’État de remises à la rue des personnes en hébergement d’urgence dans le Rhône a suscité une mobilisation immédiate du réseau : en quelques heures, un front commun s’est organisé à l’échelle locale et nationale. Cette réactivité, cette capacité à se coordonner, à affirmer une position collective, c’est la force de notre Fédération. Mais cela m’a aussi confrontée à un défi : certaines structures concernées n’étaient pas adhérentes. Il a fallu dépasser cette question pour parler d’une même voix, construire des alliances, affirmer une solidarité de terrain, au-delà des statuts.

J’avais rejoint la Fédération en 2016 pour coordonner des projets autour de l’hébergement/logement et du “Logement d’abord”. Avant cela, j’avais été travailleuse sociale pendant une dizaine d’années. J’ai vu de l’intérieur comment des dynamiques intéressantes pouvaient être mises à mal par les injonctions descendantes, les budgets contraints, les politiques de recentralisation.

J’ai connu le terrain, les dispositifs d’urgence, la protection de l’enfance, l’insertion, puis après un master sur le management dans l’ESS, les premières expérimentations “Un chez soi d’abord” dans la région. Je suis particulièrement fière que cette dynamique lancée en 2016 à la FAS continue de vivre aujourd’hui. Elle a traversé les années, porté des expérimentations, construit des partenariats solides. C’est une démonstration qu’un projet fédéral peut tenir dans la durée quand il repose sur une vraie vision collective.

Les enjeux régionaux sont nombreux. Il y a d’abord celui de la représentation territoriale, pour mieux répondre aux spécificités locales. Celui de l’observation, aussi : on a perdu la main sur certains outils essentiels pour comprendre et structurer notre action. Il devient nécessaire de relancer une enquête sur les relations entre les associations et les pouvoirs publics, pour repositionner clairement notre rôle. Où commence et où s’arrête l’intervention associative ? Où sont les responsabilités de l’État ?

La diversité des territoires rend ces enjeux d’autant plus cruciaux. À Lyon, la crise du sans-abrisme s’intensifie. Dans les zones rurales, les problématiques sont différentes mais tout aussi urgentes. Il faut intégrer cette diversité, la faire remonter, et construire nos stratégies en conséquence. La parole des personnes concernées doit aussi rester au cœur, leur participation est indispensable aux politiques publiques.

Notre équipe agit au quotidien en appui aux structures : en réagissant aux alertes, en accompagnant les projets, en animant le réseau. Nous organisons des journées régionales thématiques, nous interpellons les pouvoirs publics, nous faisons vivre les liens entre les territoires. Les liens entre les commissions régionales et les Groupes d’Appuis Nationaux sont précieux : c’est cette articulation entre le local et le national qui donne de la force à notre action.

Aujourd’hui, dans un contexte de fragilisation des réponses publiques, de montée des tensions et des stigmatisations, il est plus que jamais nécessaire de se rassembler. Les mobilisations actuelles dans la région pour défendre l’inconditionnalité de l’accueil, pour déconstruire les discours sur les personnes étrangères, ou pour alerter sur l’état de l’insertion par l’activité économique – montrent une envie partagée de mobilisation au sein du réseau.

Je suis revenue à la FAS aujourd’hui avec la volonté de retrouver une parole institutionnelle libre et du pouvoir d’agir. Dans ce contexte de doute, d’incertitude, de peur parfois, j’ai choisi de rejoindre un réseau capable de porter une parole forte, générale et engagée. Et pour moi, la FAS avec la force de son réseau est le meilleur endroit pour ça.

La période est difficile. Mais c’est aussi une opportunité : celle de reprendre notre histoire en main. Ensemble, je suis convaincue que nous avons les ressources, les idées, et la force pour réécrire les règles du jeu.