Le Premier ministre a annoncé de nouvelles mesures de lutte contre la pauvreté à l’occasion d’une visite samedi matin d’un centre d’hébergement d’Emmaüs Solidarité à laquelle participait Pascal Brice, Président de la FAS, et plusieurs associations membres du Collectif ALERTE. Ces annonces, d’un montant global d’1,9 milliard d’euros, visent à répondre à l’intensification de la précarité, liée à la crise sanitaire, marquée par le chômage de masse, l’augmentation des files d’attentes aux distributions alimentaires, la progression du nombre d’allocataires du RSA (+20 % en 2020) ou encore des impayés de loyer dans le logement accompagné.
Minima sociaux et jeunes
Alors que les associations du Collectif ALERTE demandaient une revalorisation du RSA et l’ouverture des minima sociaux aux 18-25 ans – principales victimes de la crise économique – le gouvernement propose le versement d’une aide ponctuelle de 150 euros pour les allocataires du RSA, de l’ASS, avec un complément de 100 euros par enfant et de 100 euros par enfant pour les allocataires des APL. Les jeunes sont également concernés avec une aide de 150 euros pour les jeunes bénéficiaires de l’APL non étudiant et pour les étudiants boursiers. Ces aides, d’un montant global de 1,1 milliard d’euros, sont évidemment bienvenues au moment où des millions de ménages peinent à vivre dignement. Cependant, les associations regrettent le caractère ponctuel de ce soutien alors que la crise sociale s’inscrit dans le temps et que l’épidémie est loin d’être jugulée. Nous regrettons également que les jeunes les plus vulnérables, souvent en dehors de tous les dispositifs sociaux, sans ressources, souvent non locataires, soient exclus de ce soutien financier. La Fédération formulera des propositions complémentaires à leur égard pour qu’ils ne soient pas oubliés de ces mesures.
Ces mesures comportent également un volet relatif à l’accès aux droits avec notamment :
- Un appel à projet de 100 millions d’euros sur 2 ans pour les associations de lutte contre l’exclusion dans les départements, déjà annoncé dans le cadre du plan de relance.
- Le rappel des mesures déjà actées au Ségur de la santé avec la création de 60 centres de santé et 500 places supplémentaires en LHSS.
- Une nouvelle distribution de masques à destination des personnes précaires en novembre (envois postaux et distributions par les préfectures).
- Le renforcement de la domiciliation (700 structures pour 400 aujourd’hui), avec une enveloppe de 15 millions d’euros sur 3 ans.
Le renforcement de l’accès à l’emploi est aussi au cœur du projet gouvernemental avec notamment :
- L’augmentation de 30 000 aides aux postes dans l’Insertion par l’activité économique d’ici 2022, en plus de la trajectoire de croissance déjà prévue par le pacte ambition IAE avant la crise, et l’extension de 12 mois de la durée des contrats d’insertion, pour atteindre un total de 36 mois (hors dérogations déjà prévues par la loi et du futur cdi inclusion prévu par la proposition de loi inclusion actuellement examinée au Parlement).
- Le doublement du nombre de PEC dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) et les zones de revitalisation rurale et l’augmentation du financement de l’État à hauteur de 80% pour ces contrats. La Fédération salue cette avancée tout en regrettant que son périmètre soit limité à certains territoires .
- Une aide à la mobilité pour 100 000 demandeurs d’emploi.
- Le lancement du « Service Public de l’inclusion » dans 30 territoires (mais sans que soient annoncés des moyens supplémentaires d’accompagnement pour absorber les 20% d’allocataires du RSA en plus sur 2020).
Bien que ces mesures soient très en deçà des propositions de la Fédération « pour un plan de développement des emplois solidaires », elles constituent un renforcement de l’offre d’insertion par l’emploi et devront être accompagnées par les acteurs du réseau en région. Elles s’ajoutent aux mesures déjà prévues par le plan de relance et le plan « jeunes ».Enfin, sur le front de l’hébergement et de l’accès au logement, le gouvernement annonce ou confirme plusieurs mesures :
- Le lancement anticipé du plan hiver (sans préciser le volume de places mobilisables).
- La création de 1500 places pour les femmes en sortie de maternité (stade de l’expérimentation).
- Le doublement du nombre de PLAI « adaptés ».
- La création d’équipes mobiles pour aller au contact des ménages en situation d’impayés dans le cadre de la prévention des expulsions locatives.
- La prolongation des aides aux impayés ouvertes par Action logement (jusqu’alors très peu utilisées) et l’assouplissement des critères d’éligibilité.
Si ces mesures vont dans le bon sens et correspondent souvent à des orientations portées par la Fédération, l’absence de mesures structurelles, notamment sur la question des ressources, représente une forte déception pour le secteur. L’ampleur des mesures proposées ne semblent pas de nature à endiguer la pauvreté qui progresse dans un grand nombre de territoires. La Fédération reste pleinement engagée pour que l’effort de protection et d’accompagnement des personnes et familles les plus vulnérables soit amplifié dans les mois à venir.
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