22 novembre 2024
20 octobre 2020
Le logement est un droit fondamental et opposable
Depuis 1982 et la promulgation de la loi Quillot, le logement est considéré comme un droit fondamental. Le loi Besson de 1990 et la loi DALO de 2006 ont par la suite renforcé ce droit jusqu’à le rendre opposable.
Aujourd’hui, les associations franciliennes engagées dans la lutte contre l’exclusion constatent l’écart entre la proclamation du logement comme droit fondamental et la réalité des personnes qu’elles accompagnent dans leur parcours d’insertion. Selon la Fondation Abbé Pierre, la région Ile-de-France comporte 1,2 millions de personnes mal-logées dont 211 000 privées de domicile personnel. Depuis le vote de la loi DALO, 55 000 ménages dont le relogement a été reconnu prioritaire et urgent au titre du DALO n’ont pas été relogés. Ces 7 dernières années, il a manqué environ 47 000 logements sociaux pour atteindre les objectifs de production fixés par le SRHH.
Sortir par le haut de la crise sanitaire
Au sein des dispositifs d’hébergement et de logement temporaire parisiens, 4000 ménages (soit plus de 8 000 personnes) qui répondent aux critères d’entrée dans le logement social sont inscrits dans Syplo et dans l’attente d’un relogement depuis parfois plusieurs années. Dans des proportions différentes, cette situation est représentative des départements franciliens.
Cette embolie des dispositifs d’hébergement et de logement temporaire a des effets délétères pour les personnes accueillies mais aussi pour les professionnels qui les accompagnent. L’allongement des durées de séjour pour cause d’absence de proposition de logement est extrêmement dispendieux et inefficace. Elle contribue à vider l’accompagnement social de sons sens, prive les personnes d’autonomie et empêche la réalisation de leur projet de vie. En amont, ce sont des personnes en situation de rue qui se retrouvent privées d’accès à un hébergement d’urgence ou d’insertion dont ils ont besoin faute de fluidité dans les dispositifs.
La crise sanitaire que nous avons connu en 2020 pose la question de l’accès au logement des personnes hébergées avec encore plus d’acuité. En Ile-de-France, 7 000 places d’hébergement hivernal ont été prolongées et 6 000 autres ont été ouvertes pendant le confinement. Cette mobilisation exceptionnelle de l’Etat et des opérateurs associatifs pour protéger les personnes vulnérables est à saluer. Toutefois, il se pose aujourd’hui la question du relogement de ces publics couplé, si nécessaire, à de l’accompagnement social. Un effort exceptionnel de relogement, pour les personnes dont la situation administrative le permet, est la condition sine qua non pour éviter des remises à la rue à moyen ou long terme et que l’on observe déjà dans certaines situations.
Mettre en œuvre le Logement d’Abord
L’accès au logement ne concerne pas que les personnes hébergées ou en logement temporaire. Le logement de droit commun en bail direct doit être le principe dans l’esprit du Logement d’abord et donc la priorité pour les personnes vivant à la rue. De nombreuses expérimentations menées sur le territoire francilien ces dernières années, comme par exemple l’expérimentation « Accompagnement social global » portée par l’AFFIL en 2014 dans les départements du Val-de-Marne et de la Seine-et-Marne, ont prouvé le caractère non prédictif de la capacité des ménages à habiter. Une approche Logement d’Abord n’intègre pas de critères excluant concernant l’accès au logement (autre que les critères administratifs) et consiste à évaluer et répondre aux besoins d’accompagnement des ménages.
Dans cet objectif, il est nécessaire de renforcer le travail partenarial avec les bailleurs sociaux pour lever les obstacles à l’accès au logement des personnes en situation de rue ou hébergés et de trouver des modalités d’aide et de soutien pour l’accès aux ménages dans le parc privé. Les conventions AVDL et le protocole régional qui les accompagnent sont des outils qui nécessitent d’être davantage mobilisés par les associations et les bailleurs sociaux.
Le Logement d’Abord oblige également à un renforcement des missions et des moyens confiés aux SIAO et à une évolution des pratiques professionnelles concernant l’accompagnement des personnes. Le guide AFFIL (« outil partagé d’évaluation des situations au regard du logement ») est un support dont il est utile de se saisir à cette fin.
Affirmer des priorités politiques
La fédération des acteurs de la solidarité IdF salue la mise en œuvre nécessaire de l’Acte 2 du plan quinquennal pour le Logement d’Abord dont les mesures visent à renforcer l’accès au logement des personnes. Pour autant, nous constatons des sujets qui nécessitent une vigilance particulière ou une priorité renforcée :
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