Plan hiver et crise sanitaire : forte mobilisation des acteurs de la solidarité pour l’hébergement et l’accompagnement inconditionnel des personnes à la rue
La situation des personnes à la rue reste très critique à l’approche de l’hiver et à mesure que l’épidémie progresse. Alors qu’à ce jour le système d’information SI-SIAO ne permet toujours pas de produire des données fiables sur la demande d’hébergement, la Fédération des acteurs de la solidarité a interrogé plusieurs 115 pour qu’ils témoignent de la situation. Dans les grandes agglomérations telles que Paris, la Seine-Saint-Denis, Lyon, Bordeaux ou Lille, entre 80 et 90 % des demandes au 115 n’aboutissent pas à un hébergement, laissant donc sans solution des milliers de personnes. Par ailleurs, la saturation des accueils de jour (dont les capacités d’accueil sont limitées par les consignes sanitaires), l’épuisement des intervenant.e.s sociaux.ales (avec une progression du virus dans les structures), ou encore la diminution du nombre de bénévoles actifs sont les principales inquiétudes remontées par les associations.
Dans ce contexte difficile, l’instruction du 3 novembre signée du ministre de l’intérieur, du ministre des solidarités et de la santé, de la ministre déléguée chargée du logement, de la ministre déléguée chargée de la citoyenneté, concernant la prise en charge et le soutien aux populations précaires face à l’épidémie du Covid-19 précise aux préfets de région et de département les objectifs et conditions de mise en œuvre du plan hiver ainsi que les actions de solidarité à déployer. Cette instruction rappelle la priorité donnée à l’hébergement des personnes à la rue « quel que soit leur statut » grâce à l’ouverture « d’autant de place que nécessaire en fonction des remontées des 115 SIAO et des maraudes ». Une volonté qui doit être saluée même si la Fédération regrette l’absence d’objectifs chiffrés d’ouverture de places pour cette campagne hivernale. L’instruction émet à juste titre des réserves quant à l’ouverture des gymnases et fixe un tarif journalier maximal de 30 euros (sans préciser de tarif plancher). Elle rappelle également le principe d’aucune sortie sèche des CADA-HUDA sauf hébergement d’urgence ou procédure de reconduite des personnes. Les préfets sont également appelés à organiser avec les acteurs la fluidité vers le logement (sans objectif quantitatif de relogement) et à réunir des « coordinations départementales de l’aide alimentaire ». Les équipes mobiles sanitaires intervenant dans les structures et sur les lieux de vie des personnes seront également réactivées sous le pilotage des ARS, ainsi que les équipes « d’aller vers » CAF-CPAM. La distribution de masques aux personnes précaires via les associations est prévue à partir du 16 novembre, avec la demande formulée par les associations de disposer de masques adaptés aux enfants.
Le Ministère du Logement a réuni les associations le 9 novembre autour des objectifs de cette instruction et a annoncé l’ouverture, depuis le déclenchement du plan hiver, de 5000 places supplémentaires (la Fédération a demandé leur répartition territoriale). Les équipes des maraudes et des SIAO seront renforcées et de nouveaux accueils de jours ouverts pour répondre aux diminutions de capacités liées à la crise sanitaire. La ministre souhaite également que le secteur AHI soit prioritaire parmi la politique de test antigénique, l’arbitrage est en cours. Plusieurs associations regrettent l’absence de concertation sur les fiches « consignes sanitaires » diffusées au secteur par la DGCS. En effet, le passage journalier de personnels soignants dans les structures inscrits dans ces fiches n’est pas réalisable faute de personnels soignants disponibles, et ce dispositif n’a pas été concerté avec les ARS. Autre problème : l’accompagnement social n’est pas listé dans les activités réalisables dans les structures en période de confinement. Dans l’attente de la modification de ces fiches, nous choisissons de ne pas les diffuser via la newsletter de la Fédération. Les associations constatent également une montée des prix des nuitées d’hôtel suite à la concurrence entre réservataires.
Dans cette période difficile, il est plus que jamais essentiel que le réseau s’organise pour s’assurer du respect de la mise en œuvre de l’instruction dans les territoires et remonte au national les difficultés rencontrées et les besoins constatés sur le terrain, notamment en matière d’hébergement, de prix de journée pratiqués et de renfort de la veille sociale. La Fédération continuera d’organiser des échanges réguliers avec les Fédérations régionales, les adhérents et les SIAO dans les jours et semaines à venir.
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