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22 octobre 2024

Au colloque 2024 des Restos du cœur, indignation et action contre la pauvreté

« Pauvreté : un avenir tout tracé ? S’indigner et agir » :  le colloque annuel des Restos du cœur organisé le 16 octobre à l’Institut national du service public, a permis de faire un état des lieux très concret de l’évolution de la pauvreté en France. Maud Bigot, présidente de la Fédération des Samu sociaux a notamment déploré « la logique de tri et de priorisation » des personnes sans-abri face à l’afflux des demandes d’hébergement et à la crise du logement. Pascal Brice, président de la FAS, a rappelé les enjeux de l’enracinement de la pauvreté dans le pays, insistant sur la situation des femmes, « qui cumulent les facteurs de précarité ».

La FAS était présente au colloque annuel de l’Observatoire des Restos du Cœur (1) organisé cette année sur le thème « Pauvreté : un avenir tout tracé ? S’indigner et agir ».  Axelle Brodiez-Dolino, directrice de recherche au CNRS et administratrice de la FAS et Pascal Brice, président de la FAS, sont intervenus aux côtés de Maud Bigot, présidente de la Fédération des Samu sociaux (FNSS).

La présidente de la FNSS s’est exprimée sur la crise sans précédent du sans-abrisme en France pesant sur les Samu Sociaux, initialement créés pour aider les personnes en grande précarité et qui font face aujourd’hui à une augmentation dramatique du nombre de personnes en demande de logement, dont des enfants. Malgré le droit inconditionnel à l’hébergement, elle a déploré « une logique de tri et de priorisation » qui s’est installée, excluant les plus vulnérables.

« À Paris, a fait observer Maud Bigot, il est demandé au maraudeur d’expliquer à une famille avec un enfant de 4 mois qu’elle ne rentre pas dans les critères d’accès d’hébergement immédiat car son enfant est trop grand ! À Caen, les maraudeurs sont chargés d’expliquer aux personnes que, sans certificat attestant des risques vitaux à la rue, elles ne rentreront pas en hébergement. A Valence, Bordeaux, Toulouse, des familles sont remises à la rue lorsqu’elles ne sont plus considérées comme vulnérables. » (Retrouvez son intervention ici).

Parmi les intervenant.es, Axelle Brodiez-Dolino a rappelé le rôle fondamental des associations dans l’évolution des lois sociales : « Sans l’appel de Coluche, pas de loi votée en 1989 qui défiscalise les dons. Sans ATD Quart Monde, pas de RMI ni de loi de lutte contre les exclusions. Sans les collectifs associatifs, pas de droit au logement opposable en 2007… » (retrouvez son intervention ici).

« Nous sommes dans un pays qui est l’un des plus protecteurs au monde, a rappelé Pascal Brice. Pour autant, nous sommes dans une phase d’augmentation et d’enracinement de la pauvreté, dans les villes, dans les campagnes. Nous avons des bénéficiaires qui travaillent, mais qui sont des travailleurs précaires. » Le président de la FAS est également revenu sur la problématique des jeunes majeurs sortant de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) représentant un nombre important de personnes à la rue, et sur les enjeux de santé mentale et des inégalités sociales et économiques pesant sur les femmes qui « malgré des avancées sur leurs droits, cumulent les facteurs de précarité. »

La FAS remercie les Restos du Cœur pour la qualité de cette rencontre et des échanges et salue le travail en commun réalisé dans le cadre de l’Observatoire.

  • Créé en 2018 réunit au sein d’un organe consultatif un collège scientifique, un collège représentant de l’association nationale et un collège représentant les associations départementales dans un objectif de co-construction d’analyses des politiques publiques et de réponses adaptées aux besoins des personnes accueillies.