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20 février 2025

Vincent Morival et Hugues Deniele : “Partageons l’amour pas l’indifférence”

Depuis deux ans, le 14 février, la FAS Hauts-de-France coordonne l’opération saint-Valentin solidaire avec ses adhérents sur plusieurs territoires de la région. Pour dresser le bilan de cette deuxième édition et faire le lien avec les recours en justice contre l’État pour non-assistance à personnes mal-logées lancée le 13 février par le Collectif des associations pour le logement (CAL), dont la FAS est membre, nous avons rencontré le président de la FAS Hauts-de-France Hugues Deniele et l’un de ses vice-présidents Vincent Morival.

 

Comment avez-vous eu l’idée de faire de la saint-Valentin un événement pour changer le regard sur la pauvreté ?

Vincent Morival : L’idée est venue de mes équipes au pôle accueil à l’abej SOLIDARITÉ. Pour les personnes qu’on accompagne, c’est très dur d’être stigmatisées alors qu’elles subissent la pauvreté. Parfois elles se sentent jugées comme des criminelles. Elles voulaient faire une action pour changer le regard des gens dans la rue et c’est en discutant avec les équipes qu’elles ont trouvé l’idée.

Hugues Deniele : Quand Vincent m’a parlé de son idée, je n’ai pas tout de suite saisi la portée de l’opération. C’est en arrivant sur place que j’ai compris. Cette action est non seulement une super occasion pour communiquer sur nos actions et intéresser les médias, mais surtout c’est un acte politique très fort. Parmi les passants, ceux qui ont accepté les petits cadeaux offerts par les personnes à la rue étaient très émus, j’en ai vu certains pleurer. Le changement de regard est essentiel pour les personnes qu’on accompagne, pour leur redonner dignité et espoir, mais aussi pour le grand public, pour démonter les préjugés et leur donner envie d’agir à nos côtés.

 

Quelles sont les évolutions entre la première en 2024 et la deuxième édition en 2025 ?

Vincent Morival : L’année dernière on avait mobilisé les six accueils de jours de Lille et quelques pensions de famille mais c’était fatiguant de tout organiser tous seuls. Il a fallu amener les chaises et les tonnelles sur place, mobiliser les médias, faire les demandes officielles auprès des mairies, rassurer certains adhérents un peu frileux qui pensaient qu’on prenait un risque politique en s’exposant comme ça. Au final les médias étaient là et malgré le froid et la pluie on a passé une super journée à échanger avec les gens, c’était une réussite.
Cette année, on a capitalisé sur le succès 2024. De gros adhérents nous ont rejoints et au total une vingtaines d’associations ont participé. Valenciennes a aussi organisé une Saint Valentin solidaire cette année, avec le même succès que Lille. Les mairies ont joué le jeu et nous ont même offert l’emplacement et apporter un soutien logistique. En plus des petits cadeaux confectionnés par les personnes accompagnées, on a conçu un livret pour lutter contre les préjugés : « les sans-abris sont sales, sont toxicomanes et alcooliques”, “la vie à la rue est un choix”, “l’État dépense trop pour les logements sociaux”. C’est important de donner des réponses et des chiffres pour rétablir la vérité de ce qui se passe vraiment.

Hugues Deniele : Je suis très fier du travail accompli par mes vice-présidents, les équipes de la FAS Hauts-de-France, nos adhérents, c’est un vrai moment d’amour et de partage. Cette année de grands adhérents ont participé et avec eux leurs chargé.e.s de communication qui ont pu nous aider à coordonner une vraie campagne de communication. Quelques jours plus tard, j’ai rencontré la vice-présidente de la région en charge de l ESS qui nous avait vu à la télé. Elle m’a dit : « c’est vraiment bien ce que vous avez fait, et ça nous aide en interne pour montrer que les asso s’engagent ». J’espère que d’autres FAS régionales auront envie d’organiser cet événement sur leur territoire l’année prochaine. Nous pouvons les aider si besoin. C’est un moment fort pour les personnes accompagnées, les professionnel.les qui les accompagnent mais aussi pour les équipes de la FAS qui mettent en partition un événement heureux.

 

Quel lien faites-vous entre l’opération saint-Valentin et les recours en justice contre l’État pour non-assistance à personnes mal-logées lancés par le Collectif des associations pour le logement (CAL), dont la FAS est membre ?

Vincent Morival : L’opération saint-Valentin permet de rendre visible les invisibles, à la fois dans le regard du public, dans les médias et pour les politiques. Grâce à l’engagement des personnes accompagnées et des équipes, on montre que le problème n’est pas réglé, qu’il reste encore plein de gens à la rue y compris des enfants, des personnes qui travaillent, des femmes, etc. Les gens sont à la rue parce qu’ils n’ont pas d’autre choix et que l’État ne fait pas son boulot. Il est dans l’obligation de mettre les personnes à l’abri pourtant les centres d’hébergement n’ont pas assez de place pour accueillir tout le monde faute de moyens suffisants. Il faut changer le discours et donner la parole aux personnes concernées. Nous devons agir sur le terrain et en justice pour donner encore plus de force à notre action. La présence de la presse le jour de la saint-Valentin nous a aussi donné l’occasion de parler des recours et des réalités qu’ils représentent.

 

Retrouvez ici le reportage de France 3 Lille