Retour à toute l'actualité

25 novembre 2024

Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, les femmes sans-abri en première ligne

En France en 2023, les services de sécurité ont enregistré 230 350 femmes victimes de violences commises par leur partenaire ou ex-partenaire, 319 tentatives de féminicides et 94 féminicides[1]. Les enquêtes de victimation ont, quant à elles, évalué à plus de 3 millions le nombre de femmes[2] déclarant être victimes de violences dont près de 2,987 millions victimes de violences sexistes et sexuelles (hors couple).

Alors que la parole des femmes se libère et qu’elles sont de plus en plus nombreuses à dénoncer les violences (physiques, sexuelles, psychologiques, administratives, financières, pornographiques…) dont elles sont victimes, ces chiffres témoignent que les violences faites aux femmes ne reculent pas, au contraire, elles augmentent et s’enracinent,  notamment en raison de politiques publiques mises en œuvre sous évaluant l’ampleur du phénomène.

Pourtant, comme le font remarquer les associations spécialisées qui accueillent et accompagnent les femmes victimes de violences et leurs enfants co-victimes, le budget global de l’Etat consacré à la lutte contre les violences faites aux femmes est en constante augmentation depuis 2019, pour atteindre en 2023, 184,4 millions d’euros. Cependant, ce montant ne représente que 0,04% du budget global de l’Etat et reste bien en deçà des besoins, évalués entre 2,6 et 5,4 Milliards d’euros par an pour agir et lutter contre les violences faites aux femmes et proposer des réponses adaptées aux besoins des victimes.

Il est également primordial de dénoncer le coût économique et social des violences faites aux femmes. Dans son rapport sur « le coût des inégalités en France », la Fondation des femmes estime ainsi que les violences au sein du couple et leurs incidences coûteraient à minima à la société 3,6 milliards d’euros chaque année..

Pour une partie des femmes sans domicile, ce sont les violences dont elles sont victimes qui sont la résultante de leur situation de rue ou d’absence de logement pérenne. Aux violences vécues dans leur enfance, dans leur foyer ou au cours de leurs parcours migratoire, se cumulent désormais les violences physiques et sexuelles subies dans la rue. Comme le constate dans son rapport d’information sur « les femmes sans-abri [3]» la délégation aux droits des femmes du Sénat : « la quasi-totalité de ces femmes ont subi des violences physiques et sexuelles dans la rue, qui s’ajoutent à celles qu’elles ont vécu dans leur enfance, dans leur foyer ou au cours de leur parcours migratoire »[4].

Au 31 décembre 2023, selon les services de l’Etat, sur les 203 000 places d’hébergement que compte le parc généraliste, 4 672 places étaient dédiées à l’hébergement des femmes victimes de violences dans le parc d’hébergement d’urgence, auxquelles s’ajoutent les 3 206 places dédiées en CHRS, les 2 252 places en ALT et les 519 places en logement accompagné, représentant au global 10 700 places.

Pourtant, selon un rapport de la Fondation des femmes, 4 femmes sur 10[5] ne se verraient pas proposer de solution d’hébergement lorsqu’elles en font la demande. Cette sous dotation des moyens financiers alloués aux associations spécialisées se retrouvent pourtant confrontées à une explosion des demandes et ne sont pas en mesure d’y répondre.

Ces constats partagés et dénoncés viennent confirmer les alertes émises par les adhérent.e.s de la Fédération et les associations spécialisées, quant à une féminisation croissante du sans abrisme et la nécessité d’améliorer l’offre d’hébergement, de logement adapté et l’accompagnement social proposé à ces femmes et ces enfants marqué.e.s par un cumul de violences en raison de leur âge, de leur genre, ou encore de leur handicap.

Dans le cadre de l’examen du Projet de loi de finances 2025 (PLF), la FAS a porté plusieurs propositions d’amendements auprès des député.e.s et sénateur.rices pour :

  • La création d’une mission parlementaire visant à assurer le suivi et l’évaluation des avancées des mesures annoncées lors du Grenelle contre les violences conjugales.
  • Pérenniser et sécuriser les financements dédiés à destination des 101 « Maisons des femmes ».
  • La création de 2 000 places supplémentaires au parc d’hébergement dédiées aux femmes victimes de violences et leurs enfants co-victimes.
  • La création de 1 000 places supplémentaires au parc d’hébergement dédiées aux femmes en pré ou post maternité sans solution de logement ou d’hébergement.
  • La revalorisation de la tarification des places spécialisées femmes victimes de violence dans le parc d’hébergement dédiés aux demandeuses d’asile.

En parallèle la Fédération demande également la revalorisation Ségur pour tous.tes les professionnels.les travaillant pour les associations spécialisées du secteur social et médico-social financées par le programme 137 « égalité entre les femmes et les hommes », ainsi que la revalorisation et la pérennisation des financements dédiés aux dispositifs d’Accueil de jour et aux LEAO accueillant et accompagnant les Femmes victimes de violences.

 

[1] N°44 SSMSI, novembre 2024.

[2] Fondation des Femmes, “Où est l’argent contre les violences femmes faites aux femmes?”, 2023.

[3] https://www.senat.fr/rap/r24-015-1/r24-015-11.pdf

[4] Rapport du Sénat, page 8 https://www.senat.fr/rap/r24-015-1/r24-015-11.pdf

[5] https://fondationdesfemmes.org/fdf-content/uploads/2021/11/fdf-rapport-ou-est-largent-2021.pdf