Tribune publiée le 10/02/2022 dans Libération
Le 1er février 1954, l’abbé Pierre avait trouvé les mots justes pour toucher les Français et les appeler à la mobilisation : «Grâce à vous, aucun homme, aucun gosse ne couchera ce soir sur l’asphalte ou les quais de Paris.» Et pourtant, 68 ans et 10 jours plus tard, ce drame quotidien resurgit : chaque matin en France, des enfants vont à l’école après avoir passé la nuit à la rue.
Une situation intolérable.
Dans la nuit du 31 janvier 2022, en pleine semaine, près d’un millier d’enfants, dont la famille avait sollicité en vain le numéro d’appel d’urgence 115 pour une demande d’hébergement, ont passé la nuit dehors ou dans des abris de fortune. En mai 2021, 6 000 mineurs vivaient en bidonvilles en France métropolitaine. En cause, un parc d’hébergement saturé sur beaucoup de territoires, qui ne permet toujours pas de répondre à l’ensemble des besoins et une crise du logement, marquée par un manque de logements accessibles, dont les enfants sont des victimes collatérales.
Paradoxalement, le fait d’être en famille peut devenir un obstacle à la mise à l’abri en raison du manque de places d’hébergement compatibles avec la composition familiale… et quand un hébergement est disponible, les familles sont parfois contraintes de se séparer pour y passer la nuit. Le recours aux nuitées hôtelières, plus de 70 000 actuellement, est devenu la principale réponse apportée aux demandes de personnes en famille. Or, l’hôtel est inadapté à la vie de famille et ne permet pas de répondre aux besoins fondamentaux des enfants qui y vivent : alimentation équilibrée, soins, hygiène, intimité, proximité de l’école et du centre de loisirs, possibilité de faire ses devoirs dans le calme, d’inviter ses amis. Le mal-logement pèse sur la vie quotidienne des enfants et affecte leur vie sociale, familiale, sanitaire et scolaire, mais aussi leur avenir en fragilisant leur développement et perturbant leur insertion socioprofessionnelle future. C’est la double peine dès le plus jeune âge.
Des collectifs se mobilisent
Face à ces manquements, des collectifs se mobilisent dans plusieurs villes de France auprès des élèves sans domicile et de leurs familles. Régulièrement, ces équipes éducatives, associations, syndicats, parents d’élèves et citoyens indignés s’activent pour défendre leurs droits, et leur permettre d’accéder à une solution d’hébergement. Acteurs privilégiés pour repérer les difficultés chez les élèves, ils sont en lien étroit avec les dispositifs de veille sociale en charge du 115 sur leur territoire. Lorsque aucune solution n’est trouvée, des familles sont mises à l’abri dans les écoles et les gymnases.
A Lyon, le collectif Jamais sans toit en est déjà à sa centième occupation en sept ans. Depuis 2014, près d’une soixantaine d’établissements ont servi de refuges temporaires à plus de 450 enfants, sans toutefois parvenir à répondre à l’ensemble des besoins : malgré leur action, en plein hiver, 94 enfants sont toujours à la rue dans la métropole lyonnaise. A Strasbourg, un collectif d’enseignants et parents a fait de même. Un peu partout en France, souvent de façon informelle, des initiatives citoyennes cherchent des solutions en urgence.
Respecter l’unité familiale
En laissant ses enfants à la rue, la France ne respecte pas la convention internationale des droits de l’enfant et le code de l’action sociale et des familles qui prévoit que «toute personne en situation de détresse médicale, psychique et sociale a accès, à tout moment, à un dispositif d’hébergement d’urgence». S’agissant des personnes étrangères, cet accès à un hébergement n’est pas subordonné à une condition de régularité du séjour.
Cette situation ne peut plus durer. Nous, associations de lutte contre le mal-logement, parents d’élèves et citoyens engagés, appelons le 10 février à Lyon à la création d’un réseau citoyen d’alerte et d’entraide pour les familles d’enfants sans domicile. Equipes éducatives, parents, citoyens, utilisons notre vigilance collective pour interpeller les pouvoirs publics, faire respecter le droit inconditionnel à l’hébergement et au logement, et s’assurer qu’aucun enfant ne soit plus forcé de passer la nuit dehors.
La fin du sans-abrisme chez les enfants passe par la volonté politique d’appliquer un certain nombre de mesures : création de nouvelles places d’hébergement et de logements accessibles aux plus pauvres et permettant le respect de l’unité familiale, humanisation des structures d’hébergement, facilitation de l’accès aux droits des familles, renforcement du Logement d’abord, revalorisation des minima sociaux et des aides au logement (APL), assouplissement des régularisations de personnes à droits incomplets, pour enfin, leur permettre une stabilisation par le logement. En pleine campagne présidentielle, ce sujet doit mobiliser en urgence toutes les consciences en éveil dans ce pays. Nous ne pouvons plus fermer les yeux.
🗣️Pascal Brice dans @franceinfo : « Au moment où nous préparons toutes et tous la rentrée scolaire de nos enfants, il faut que nous sachions qu’il y a plus de 2000 enfants qui, à l’issue de cette journée à l’école, retourneront à la rue. »
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Le JT de la matinale du vendredi 30 août 2024
Le JT de la matinale du vendredi 30 août 2024. JT franceinfo consultable en ligne en replay pour voir et revo...
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2043 enfants à la rue : le nombre est inédit pour une veille de rentrée, selon le baromètre de la
@FedeSolidarite et de l'@UNICEF_france. Parmi eux, Nermine, 11 ans, et les trois enfants de Lassana, expulsés de leur logement juste avant les vacances.
💬 "La situation est extrêmement tendue"
Bruno Morel, président de la Fédération des acteurs de la solidarité d'Île-de-France, inquiet face aux 743 enfants sans solution d'hébergement dans la région à quelques jours de la rentrée scolaire
🗣️Nathalie Latour dans @lemondefr : « La hausse atteint 120 % en quatre ans et ces chiffres sont inférieurs à la réalité, puisque beaucoup n’appellent pas ou plus le 115, découragés par les temps d’attente et les réponses négatives. »
📢 2 043 enfants sont à la rue en France.
La rentrée approche et ces enfants ne savent pas où ils vont dormir.
Ce chiffre est en 📈 de 3 % par rapport à l'année dernière et de 120 % dps 2020.
Si l'indignation est partagée, l'action des pouvoirs publics se fait attendre
🔴 en direct de la conférence de presse ce jeudi 29 août au siège de @FCPE_nationale
@gouvernementFR PORTÉ DISPARU, ENFANTS À LA RUE
- baromètre du nb d'enfants à la rue @UNICEF_FR @FedeSolidarite
- prise de parole de @jamaissanstoit de @MdM_France et @CollAssoUnies
La conférence de presse sur la situation dramatique des enfants à la rue a commencé, un moyen de rappeler l'urgence de la situation. @UNICEF_france
@Fondation_AP @medecindumonde @FCPE_nationale @jamaissanstoit @CollAssoUnies
📢 Je veux lancer un cri d’alarme !
2 043 enfants, dont 467 de moins de 3 ans et 168 de moins de 1 an dorment chaque soir à la rue.
Avec la @FedeSolidarite, nous appelons le @gouvernementFR à agir sans attendre.
@EmmanuelMacron @Delegpauvrete @dihal_gouv
Conférence de presse baromètre des enfants à la rue avec la FAS, @UNICEF_france @Fondation_AP, @medecindumonde, @FCPE_nationale, @jamaissanstoit, @CollAssoUnies
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« En 2022, nous avons eu la promesse du zéro enfant à la rue puis celle des 120 millions pour l’hébergement d’urgence. Ces promesses sont indispensables face à l’évolution à la hausse du nombre d’enfants sans solution » 👇
Nathalie Latour rappelle que ces chiffres sont sous évalués, le taux de non recours au 115 a été estimé lors de la Nuit des Solidarités à près de 70%.
« Nous sommes en train de nous habituer à une situation qui est inacceptable. »